Séance introductive
https://www.arte.tv/fr/videos/116710-024-A/le-dessous-des-images/

1. Observation globale
Première impression : Notez vos premières impressions avant d’entrer dans les détails.
Qu’est-ce qui attire immédiatement votre attention ?
Contexte général : Identifiez le type de photo (photo journalistique, artistique,
publicitaire, etc.), son époque et le lieu où elle a été prise (si possible).
2. Description de la composition
Plan général : Décrivez les différents éléments visibles dans la photo (personnages,
objets, paysages). Qu’est-ce qui est représenté ?
Cadrage : Le cadrage est-il serré (gros plan) ou large (plan d’ensemble) ? Le photographe
a-t-il centré son sujet ou utilisé la règle des tiers ?
Perspective : De quel point de vue la photo est-elle prise (plongée, contre-plongée, plan
frontal) ? Cela influence souvent la manière dont on perçoit la scène.
Profondeur de champ : Tout est-il net ou y a-t-il un effet de flou ? Cela peut orienter
l’attention vers un élément particulier.
3. Analyse des éléments visuels
Lumière et contraste : Quelle est la source de lumière (naturelle, artificielle) ? Y a-t-il
des ombres marquées ? Le contraste est-il fort ou doux ?
Couleurs : Si la photo est en couleur, quelles sont les couleurs dominantes et quel effet
produisent-elles (calme, dynamisme, tristesse) ? Si elle est en noir et blanc, quels jeux
de lumière et d’ombre sont exploités ?
Textures : La texture des objets, des vêtements ou de la surface est-elle mise en avant ?
Cela peut créer une dimension tactile dans l’image.
4. Analyse du mouvement dans la photo
Mouvement réel : Certaines photos capturent des sujets en mouvement (personnes qui
courent, véhicules en déplacement, objets qui tombent). Le mouvement réel est
directement visible.
Mouvement suggéré : Même dans une image statique, certains éléments peuvent
suggérer un mouvement (gestes, postures dynamiques, orientation des regards ou des
objets).
5. Analyse du contenu symbolique
Signification des objets/personnages : Certains éléments ou objets peuvent avoir une
valeur symbolique. Qu’est-ce qu’ils peuvent représenter ?
Émotion et atmosphère : Quelle ambiance ou émotion se dégage de la photo (joie,
mélancolie, angoisse, sérénité) ? Qu’est-ce que le photographe cherche à transmettre ?
Interaction entre les éléments : Comment les différents éléments de la photo
interagissent-ils entre eux (personnages qui se regardent, alignement des objets, etc.) ?
6. Contexte et intention du photographe
Contexte historique et social : Quel était le contexte au moment de la prise de la photo
(guerre, événement historique, campagne publicitaire) ? Cela influence souvent
l'interprétation.
Intention du photographe : Que cherche à transmettre le photographe ? Est-il dans une
démarche artistique, documentaire ou militante ?
7. Interprétation personnelle
Ressenti personnel : Comment la photo vous affecte-t-elle personnellement ? Quelles
réflexions ou émotions éveille-t-elle en vous ?
Réception possible du public : Comment un public différent (culturellement,
historiquement) pourrait-il réagir à cette image ?
Impact global : Quelle est la portée de cette image sur le plan artistique, historique ou
émotionnel ?
Séance 1 :le tourisme, les vacances
Objectifs : Comprendre le texte au-delà des problèmes de vocabulaire, reformuler, repérer la structure du texte.
EXERCICE 1 : Jacques Lacarrière, L’Été grec, 1975
Tant qu’il demeurait artisanal, le tourisme favorisait les rencontres individuelles entre étrangers et autochtones,
s’ajoutait ou s’intégrait – sans les détruire – aux structures d’accueil traditionnelles, à savoir l’hospitalité de l’habitant.
Mais dès qu’il eut atteint le stade industriel (autrement dit le tourisme de masse), comme c’est le cas en Grèce (où,
ces dernières années, le nombre de touristes, environ 8 millions, équivalait au chiffre de la population), les échanges
économiques l’emportèrent sur les échanges et les rencontres culturels. Pour les Grecs, le problème ou plutôt le
dilemme est simple : il s’agit de moderniser sans détruire, de transformer sans altérer. Mais comment est-ce
possible ? Quand des milliers d’autocars se rendent chaque année à Epidaure, par exemple, et qu’il faut pour cela
déboiser la forêt pour y tracer des routes, y aménager des parkings géants, peut-on dire que le site conserve encore
son caractère ? Cercle vicieux : « On » va à Epidaure pour visiter un site calme et retiré mais quand ce « on »
représente des centaines de milliers de personnes chaque année, « on » modifie la nature même du site sous
prétexte de le voir intact. A ce niveau, je veux dire avec un tel nombre de visiteurs, il ne peut plus y avoir de tourisme
neutre ou innocent. C’est là un des phénomènes – d’ailleurs prévisible – de notre temps : une activité qui devrait
permettre les rencontres humaines finit par les empêcher (puisqu’elle implique de cantonner les touristes dans des
lieux, camps ou hôtels, prévus pour eux et donc isolés du reste de la population), et le désir de voir des sites sauvages
les transforme tous en sites aménagés. Le voudrait-on qu’il serait impossible aujourd’hui de faire machine arrière, de
supprimer en Grèce ces véritables enclaves étrangères, parfois même ex-territoriales, que sont les camps et les
villages de vacances où, au cœur d’un pays, on vit entièrement à la française, à la suédoise ou à la bavaroise… Sans
parler tout au long de la côte attique notamment, de ces immenses « complexes » touristiques, comme on les
nomme, entièrement autonomes. Le hasard, il y a deux ans, me permit d’y passer quelques jours, au cours d’un
séminaire –colloque qui se réunissait près de Glyphada. J’ai pu ainsi faire l’expérience de vivre quatre jours de suite
en Grèce sans entendre une seule fois parler grec (sauf les femmes de chambre quand elles se rencontraient dans les
couloirs de l’hôtel) et sans voir l’ombre sur les tables d’une bouteille de vin résiné.
Quant à la musique dite d’ambiance, elle provenait tout droit des Etats-Unis, musique anonyme, cosmopolite, albinos
dirais-je, fabriquée au mètre ou à l’heure pour, justement, qu’on ne l’entende pas. Inutile de préciser que nous étions
exactement à deux cents mètres de la mer et que tout le monde prenait son bain dans la piscine. L’eau y était
sûrement moins polluée, je l’accorde et puis, on n’y rencontrait pas de Grecs.
1) Expliquez les termes en gras dans le texte en vous appuyant sur le contexte.
2) Parmi les idées suivantes, supprimez celle(s) qui ne figure (nt) pas dans le texte puis remettez-les dans
l’ordre où elles apparaissent.
a) Des complexes touristiques sont créés pour les héberger, favorisant l’entre-soi.
b) Les Grecs bénéficient du tourisme grâce à l’apport d’argent des visiteurs étrangers et le pays se
modernise, mais paradoxalement, ils sont aussi victimes de ce tourisme qui fait monter les prix et retire
aux Grecs les moyens de se payer certains produits ou de louer certains logements, l’été notamment.
c) Le tourisme de masse ne favorise pas les rencontres et les échanges avec les habitants du pays.
d) Le pays ne peut ni se passer des ressources du tourisme, ni éviter d’en être profondément changé.
e) Les touristes trop nombreux à visiter les sites incontournables et les aménagements nécessaires pour les
accueillir font perdre de leur charme à ces lieux.
3) Expliquez l’affirmation de Jacques Lacarrière : « une activité qui devrait permettre les rencontres humaines finit
par les empêcher ».
Séance 2 : standardisation du voyage
Objectifs : Comprendre le texte au-delà des problèmes de vocabulaire, reformuler, repérer la structure du texte,
repérer les idées majeures de l’auteur.
EXERCICE 2 : Rodolphe Christin, Manuel de l’anti-tourisme, 2008. (le texte est dans le désordre !)
Ainsi, tous les parcours deviennent progressivement fléchés, et même le voyageur indépendant, soucieux de le
rester et pour cela refusant toute organisation, ne leur échappe plus que très difficilement. Cela malgré ses
tentatives acharnées, parfois désabusées et pathétiques, de sortir des réseaux balisés, des parcours obligés, des
prestations de services en tout genre, des organisations envahissantes, des espaces aménagés par et pour cette
idéologie pratique du développement, travaillant avec une redoutable efficacité à l’occidentalisation du monde –
c’est-à-dire brisant avec plus ou moins de douceur des identités locales et des arts de vivre ensemble, au nom de
l’efficacité, du progrès et de la lutte contre la «pauvreté ».
Un tel diagnostic conduit à concevoir le tourisme comme une voie de diffusion de l’identité occidentale, avec le
développement et le culte de la croissance économique comme justifications idéologiques, la conversion des
sociétés à l’économie de marché comme modalité pratique.
Malgré l’inventivité des voyagistes et les stratégies de différenciation élaborées par les spécialistes du marketing
territorial, bien peu d’itinéraires et de destinations à potentiel marchand parviennent à échapper longtemps à une
triple standardisation : standardisation des espaces d’accueil, aménagés, marqués, compétence et de la sécurité,
exigence qui introduit un rapport au travail proche de celui que connaissent les professionnels occidentaux. Le
processus de spécialisation touristique tend évidemment à entraîner un changement structurel des sociétés
d’accueil, lorsque la polyvalence et l’autonomie des pratiques traditionnelles cèdent la place à une division du travail
accentuée (plus ou moins saisonnière) chez des acteurs socio-économiques dont les métiers deviennent
exclusivement dédiés au tourisme, avec les dépendances que ces changements entraînent. Standardisation des
pratiques touristiques elles-mêmes, réclamant les équipements adéquats pour une diversité croissante de pratiques,
exigeant une diversité de lieux dédiés à leur accueil qui puissent convenir à toutes les bourses et proposer divers
degrés de confort et de services, pour des touristes souhaitant échanger avec des professionnels formés, informés,
évidemment souriants et compétents. Des professionnels obéissant aux règles du commerce et à la demande de
leur clientèle.
Bien sûr, pour échapper à cela, nous nous prenons à rêver. À rêver d’une nature vierge, à des contrées «préservées
», « authentiques », où nous pourrions oublier ce que nous sommes et d’où nous venons. Où nous pourrions
explorer des natures et des humanités sauvées des artifices de la « civilisation ». Et nous y allons, individuellement
nombreux, de plus en plus. Montagnes, déserts, Grand Nord et Grand Sud, Nouvelle-Guinée, Kalahari, Amazonie…
Nous pouvons aller partout. Y aller suffisamment nombreux pour que la pression collective sur ces espaces naturels
et culturels jusque-là préservés ne nuise à leur intégrité, n’en transforme les sociétés, n’en chasse les animaux, n’en
pollue les sites les plus remarquables et fréquentés. […]
Si les premiers voyageurs étaient souvent des explorateurs, ils furent, parfois à leur insu, les éclaireurs des
mouvements qui les suivraient. Tous ne se doutaient pas que les sentiers marginaux qu’ils empruntaient, parfois
porteurs d’innovation culturelle et de nouveaux horizons pour la vie comme pour la pensée, deviendraient plusieurs
dizaines d’années plus tard des lieux communs, c’est-à-dire des « autoroutes » touristiques inscrites dans des
schémas de développement plus ou moins réfléchis. […]
La plupart du temps, ce phantasme de virginité naturelle nous fait oublier que la nature des uns est la culture des
autres. En nous répandant nombreux dans ces natures nous heurtons, parfois à l’insu de tous, les cultures qui en
dépendent pour vivre. Cette ruée, même tranquille au rythme du marcheur, ne va pas sans incidences allant à
l’encontre de la « sauvagerie » rêvée des lieux. Les équipements fleurissent au risque de faner les paysages, les
routes quadrillent des sites qui doivent être accessibles au plus grand nombre, les passages sur les sentiers
dérangent la faune et écrasent la flore, les décharges comblent les ravins. [...]
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, la nature n’a pas horreur du vide ; c’est l’homme de l’hypermodernité qui
ne le supporte pas, dans le même temps qu’il ne se supporte plus lui-même. Plus il va loin s’oublier, plus il sème
partout ses signes, et moins il parvient à sortir de ses propres traces. Alors les publicitaires et la communication lui
soufflent le culte de la nouveauté, des « premières », des sites encore inviolés à pénétrer, là où vivent les « derniers
» peuples soi-disant authentiques, fiers, farouches… Plus ils iront nombreux, plus le tapage grandira, plus le bocal se
refermera. Jusqu’où ce stratagème fonctionnera-t-il ? […]
1) Relisez chacun des paragraphes et expliquez ce que représentent les termes en gras.
2) Proposez un ordre qui vous paraît cohérent.
3) En vous appuyant sur les étapes de réflexion dégagées ici, vérifiez votre reconstruction du texte. :
1 - L’exploration hasardeuse des premiers voyageurs a été remplacée par un tourisme de masse.
2- Mais ce tourisme impose aux endroits visités une uniformisation qui les prive de leur intérêt et de leur
originalité.
3- Désireux d’échapper à cette uniformisation, nous finissons par envahir et déflorer les territoires et les sociétés
dont nous souhaitions pourtant initialement découvrir la beauté et la virginité ;
4- car l’homme moderne ne peut finalement pas échapper à sa culture, qu’il essaime partout où il passe ;
5- et même le voyageur conscient des dangers du tourisme de masse ne peut plus aujourd’hui échapper à ce
processus inéluctable d’occidentalisation du monde.
4) Partagez-vous ces remarques ? Expliquez votre point de vue.
L’auteur établit un lien entre critique du tourisme et critique de l’Occident.
L’auteur souligne le paradoxe du touriste occidental.
Séance 3: le voyage permet-il la découverte de l'autre?
Objectifs : Apprendre à anticiper sur sa découverte du texte et à mobiliser des savoirs préexistants sur le thème
pour mieux comprendre ce que l’on va lire ; comprendre l’importance du contexte pour lever les difficultés de sens ;
revenir sur des points précis du texte pour nourrir ensuite le travail de rédaction ( vers l’essai)
EXERCICE 3 : Jennifer Hays, « Le tourisme en quête d’authenticité », Sciences Humaines, n°327, juillet 2020.
1/ Que signifie le titre « Le tourisme en quête d’authenticité »?
2/ Lisez le texte.
Il y a quelques années, alors que je travaillais parmi les San, au Nyae Nyae Conservancy, en Namibie, un
groupe de touristes d’Australie est venu pour une visite guidée.
Les San, dits aussi Bushmen, sont des c hasseurs-cueilleurs autochtones d’Afrique australe. Cette catégorie
générale englobe environ 100 000 personnes et plusieurs groupes linguistiques. Les San de Nyae Nyae sont connus
comme Ju/’hoansi. Comme dans nombre de sociétés égalitaires de petite taille, cette autodésignation se traduit
comme « les vrais gens ».
Je me glissai parmi les touristes pendant qu’un groupe de San, vêtus d’habits traditionnels en peaux
d’animaux, les menait dans la brousse. Assisté par un jeune homme qui traduisait en anglais, le guérisseur local
décrivit différentes plantes, leurs usages médicaux et alimentaires. Les femmes montrèrent comment utiliser des
bâtons à creuser pour tirer des tubercules1 du sol sablonneux du désert. Les chasseurs firent étalage des techniques
de fabrication des arcs et des flèches, expliquant comment ils extraient du poison d’une larve qui se trouve sous un
arbre particulier afin d’en enduire les projectiles. Ils confectionnèrent un collet2 pour attraper de petits oiseaux et
mammifères, et allumèrent un feu avec deux bâtons et de l’herbe sèche.
Les Australiens furent impressionnés et posèrent de nombreuses questions. Alors qu’ils s’apprêtaient à
quitter le village, je les écoutais vanter la culture des San. Ce qui me poussa à leur demander s’ils voyaient des
similitudes entre les San et les Aborigènes de leur propre pays. À mon grand désarroi, un homme éclata de rire,
approuvé par plusieurs de ses compatriotes : « Les Aborigènes ? Ils n’ont plus aucune connaissance de la sorte ! Ces
parasites ne font que boire de l’alcool, mendier de l’argent, vivre de l’aide du gouvernement !» Mes efforts pour
questionner leurs stéréotypes furent accueillis avec le mépris de ceux qui « savent de qui ils parlent ».
Ces touristes ne s’intéressaient pas aux peuples de leur propre pays, qui ont pourtant tant en commun avec
les San. Comme tant d’autres, ils étaient venus à Nyae Nyae en quête d’authenticité, voir de vrais Bushmen. Mais
que signifie être un « vrai » autochtone ?
Plusieurs réalités sont étroitement entrelacées pour les San, les Aborigènes d’Australie et pratiquement
toutes les communautés autochtones survivantes : un lien profond avec la terre et leurs ancêtres, et un riche
héritage de connaissances et de compétences ancrées dans, et exprimées à travers leurs cultures et langues uniques,
d’une part ; et de l’autre une histoire de colonisation, de génocide, d’aliénation de leurs terres, de travail forcé, qui
en de nombreux endroits a conduit à la déstructuration des communautés, à la dépendance, à la stigmatisation et à
l’assimilation. […]
Dès lors, pour les Ju/’hoansi comme pour d’autres communautés, le tourisme remplit plusieurs objectifs
importants. Il peut fournir des revenus indispensables – les opportunités économiques sont très limitées à Nyae
Nyae.Il offre également aux peuples autochtones l’occasion de communiquer leur culture à des étrangers. Lorsque la
relation est bien conçue, elle peut offrir un point de contact crucial, en accroissant à la fois la reconnaissance de
situations souvent précaires, et l’appréciation de leur légitimité et valeur pour l’humanité. De plus, lorsqu’une
communauté contrôle sa propre présentation et ses revenus, le tourisme fournit un contexte dans lequel les
communautés peuvent continuer à valider leurs compétences et leur culture, et les transmettre aux générations
futures. Mais tout cela ne peut se faire que lorsque les gens ont le contrôle effectif de leurs ressources, et du
tourisme dans leur territoire. Dans
d’autres endroits, des lodges et des voyagistes sans scrupule peuvent les exploiter.
Alors, n’existent-ils plus que comme attraction touristique ? Reformulons la question : qui sont-ils quand les
touristes ne les regardent pas ? Ont-ils l’air moins authentiques dans leurs vêtements occidentaux, souvent rapiécés,
qui ont remplacé les cuirs d’animaux ? Les touristes venus chercher leur propre image du « réel » imposent à des
communautés comme les San un rêve impossible. Ils veulent que les peuples autochtones se comportent comme on
s’imagine qu’ils l’ont fait, il y a longtemps, avant les changements dramatiques de la colonisation. Cet univers
n’existe plus, mais ces peuples existent ! Ils conservent leur héritage culturel et ils font leur chemin dans le monde
moderne, à leur manière. […]
Les peuples autochtones ont beaucoup à nous apporter, mais il nous faudra mieux comprendre qui ils sont,
et pour cela abandonner nos stéréotypes de qui ils doivent être.
1 Racine comestible.
2 Piège formé à l’aide d’un nœud
3/ Après lecture de ce texte pouvez-vous expliquer ce qu’est « un peuple autochtone » ?
4/ Après lecture de ce texte, pouvez-vous expliquer le comportement des touristes australiens ? celui des Sans ?
5/ En vous appuyant uniquement sur le texte, écrivez deux paragraphes qui défendront la position suivante :
« Le tourisme et plus généralement notre rencontre avec l’Autre ne nous permettent pas de nous défaire de nos
stéréotypes. »
6/ Après ce travail, votre compréhension du titre de l’article « Le tourisme en quête d’authenticité » est-elle
modifiée ?
Séance 4 : qu'est-ce que l'exotisme?
Objectifs : Prendre conscience de l’importance du paratexte dans la présentation d’un document ; revenir sur les
apports des deux derniers documents : la lecture nourrit alors la réflexion personnelle pour l’essai ;
EXERCICE 4 :Jean-François Staszak, « Imaginer l’Ailleurs », Sciences Humaines, n°273, juillet- août,
2015.
1/ « Imaginer l’Ailleurs » : que peut vouloir dire ce titre ? De quoi l’article va-t-il parler ?
L’imaginaire géographique, en particulier celui de l’ailleurs, résulte moins de l’expérience personnelle des
lieux que des représentations collectives diffusées par de multiples vecteurs : livres, cartes, télévision, brochures
touristiques, etc. Il est dans la nature de l’imaginaire géographique d’être stéréotypé. C’est parce que l’imaginaire de
l’ailleurs est riche en stéréotypes (qui ne sont pas nécessairement faux ni négatifs) qu’il intéresse particulièrement la
géographie culturelle. Récemment, celle-ci a pris un tournant critique la conduisant à examiner avec suspicion les
représentations que l’Occident s’est fait du « Reste du Monde », dans une optique postcoloniale. Avant la
Renaissance et les grandes explorations occidentales, l’imaginaire géographique de l’ailleurs se fondait en Europe sur
des récits de nature religieuse ou mythologique. C’était un imaginaire ambivalent. Dans beaucoup de cas, il était très
négatif. Au-delà de l’ici, ce n’était que mers déchaînées, forêts impénétrables, monstres et peuples agressifs à peine
humains. Mais cet imaginaire laissait la place à quelques rêves heureux : les Iles fortunées, le Jardin des Hespérides,
la fontaine de Jouvence, le Royaume du Prêtre Jean, et, bien sûr, le Paradis3. L’ailleurs était le lieu privilégié des
utopies – dont la quête fut un motif assez fort pour braver les dangers de son exploration. A mesure que les grandes
explorations initiées à la fin du XVe siècle remplirent les vides de la carte, la connaissance de l’ailleurs s’améliora et
laissa de moins en moins de place aux peuples de géants et aux eldorados. Les données empiriques et les
informations pratiques entrèrent en concurrence ou en contradiction avec les mythes. Pour la première fois se mit
en place une connaissance de l’ailleurs qui prétendait procéder de l’observation objective de faits avérés : une
science de l’ailleurs, alimentée par l’exploration. Avec la mise en place de la culture coloniale à la fin du XIXe siècle,
l’imaginaire de l’ailleurs devient en Europe l’objet d’un véritable matraquage médiatique. Les
représentations de l’ailleurs se font omniprésentes, véhiculées par des récits de voyage, les romans d’aventure, les
chansons coloniales, les affiches touristiques, les planisphères, les jardins zoologiques, les spectacles
ethnographiques, les tableaux orientalistes, etc. Ce corpus très hétérogène présente une remarquable homogénéité
dans son contenu et son fonctionnement. Cet imaginaire de l’ailleurs présente la nouveauté de le montrer sous un
jour souvent très attractif : s’ouvre le règne de l’exotisme. Qu’est-ce que l’exotisme ? L’exotisme suppose une
distance à la fois spatiale et symbolique (le lointain est bizarre), mais aussi une inclination pour l’autre et l’ailleurs,
qu’on trouve désormais plein de charmes. Le biais ethnocentrique, qui conduit les membres du groupe concerné
(endogroupe) à considérer comme inférieurs les membres et les valeurs du groupe extérieur (exogroupe), semble
contredit par l’exotisme. En vérité, le goût de l’ailleurs qui se développe parallèlement à la colonisation, est marqué
par une grande ambiguïté. C’est bien parce que l’Ailleurs a cessé d’être matériellement et symboliquement
dangereux qu’on peut s’offrir le luxe de le trouver désirable. L’exotisme se fonde sur la domination symbolique et
matérielle de l’Occident. Il ne procède pas de la découverte – potentiellement menaçante – de l’Autre, mais de la
reconnaissance rassurante de l’adéquation de celui-ci avec les stéréotypes qu’on en a. L’exotisme conforte le sujet
qui en fait l’agréable expérience dans son identité, et aussi dans sa supériorité. L’exotisme n’est jamais le propre
d’un objet, d’un être ou d’un lieu : il est celui d’un regard ou d’un discours. L’exotisation est le processus par lequel
l’Ailleurs est institué en tant que tel et transformé en objet de désir. Il suppose d’abord une dichotomie4 et une
hiérarchie entre Nous et les Autres. Le discours sur les races et les continents, le déterminisme environnemental et
l’Orientalisme constituent les trois grands récits par lesquels les Européens se sont convaincus que leur race, leur
climat et leur civilisation les distinguaient du « reste du Monde » et leur conféraient sur lui certains droits. […]
Le qualificatif « exotique », évoquant par trop un pittoresque de bazar (!), est aujourd’hui passé de mode.
Mais l’attrait de l’ailleurs n’a sans doute jamais été aussi fort qu’aujourd’hui. En témoignent non seulement la
croissance ininterrompue du tourisme international, mais aussi l’enthousiasme pour les peuples autochtones, les
musiques du monde, les produits ethniques, les cuisines non-européennes, les arts premiers, les danses orientales,
les motifs tribaux, etc. La mondialisation, loin d’avoir désenchanté leMonde, a accéléré son exotisation en le rendant
plus disponible. On peut le déplorer, comme le faisait
déjà Victor Segalen au début du XXe siècle, y voyant la perte d’une authentique diversité. On peut aussi y
voir la démocratisation d’une vraie curiosité pour l’Autre et l’Ailleurs. Ne vaut-il pas mieux prendre
l’Autre en photo plutôt que de le prendre en grippe – ou en chasse ?
2/ Après avoir lu ce texte pouvez-vous associer à chaque terme sa définition ?
3/ Après avoir lu ce texte pouvez-vous associer à chaque époque sa conception de l’Ailleurs ?
Époques : a/ Avant les grandes découvertes – b/ Période des grandes découvertes – c/ Époque coloniale – d/
Période contemporaine
Conceptions de l’Ailleurs : 1/ Le lointain peut être découvert et connu 2/ Le lointain imaginé comme à la fois
dangereux et idyllique – 3/ L e lointain est accessible et devient objet de convoitise 4/ Le lointain est fascinant mais
aussi à « civiliser »
4/ Rédigez quelques lignes pour présenter ce texte.
5/ En vous appuyant sur les textes des exercices 3 et 4, répondez en un développement structuré et argumenté à
la question suivante : « Le touriste, selon vous, est-il voué à ne jamais dépasser les stéréotypes de l’exotisme ? »